Comité de Protection des Personnes (en recherche biomédicale) CPP Tours Ouest-1

Le Code de Nuremberg (1947)

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Essais sur l’homme

Axel Kahn (médecin et généticien), "Les savants diaboliques de Hitler", N° spécial du Nouvel Observateur 23-29 décembre 1999, p. 23

« 9 décembre 1946. La guerre est finie depuis plus d’un an. Face au tribunal militaire américain se retrouvent un certain nombre de médecins allemands qui ont participé, depuis 1934, à des recherches cruelles à visées médicales ou militaires sur des prisonniers et des déportés, ainsi que sur des malades mentaux. Josef Mengele, médecin, généticien et anthropologue nazi, est absent. Il a fui à la fin du conflit.

Une analyse superficielle de leurs crimes amènerait à n’en faire qu’un exemple particulier de la barbarie nazie. En réalité, les actes que l’on juge aujourd’hui nous convient à une descente graduelle du répréhensible au mal absolu. En haut de la pente, des médecins testent des vaccins contre le typhus et des traitements anti-infectieux sur des prisonniers spontanément infectés. Pour se défendre, ils rappellent que de tels essais chez l’homme sont menés dans tous les pays. La France elle-même a expérimenté un vaccin contre la fièvre jaune au Brésil en 1903 : de nombreux sujets testés devaient mourir.

S’engageant plus en avant dans le gouffre du mal, d’autres médecins cherchent à améliorer le traitement des gangrènes gazeuses auxquelles les soldats allemands, sur le front, paient un lourd tribut ; ils provoquent d’abominables plaies chez des femmes déportées, les infectent avec des produits contaminants et expérimentent divers traitements. Un médecin qui a inventé un instrument permettant de prélever des échantillons de foie le teste sur des déportés éveillés. La plupart en meurent. Et, pour en revenir à Josef Mengele, celui-ci se livre à des expériences sur des enfants vivants, des jumeaux, dont il envoie ensuite des pièces anatomiques à l’Institut d’Anthropologie, de Génétique humaine et d’Eugénisme à Berlin. Il fait également extraire des fœtus de femmes enceintes pour poursuivre ses observations sur le développement de l’embryon.

Tout au long de cette échelle de l’abominable, et au-delà de ce qu’elle doit au fanatisme nazi , on devine une triade de motivations, dont se réclament en fait tous les scientifiques désirant expérimenter sur des personnes : la passion scientifique, la dimension humanitaire ou utilitaire des recherches, et la négation d’une humanité suffisante… ou prometteuse chez des sujets-objets des expériences. Cette déconsidération des personnes peut être fondée sur leur qualité "raciale"?, leur situation pénale… ou leur état de santé.

Il existe en fait comme un continuum entre l’expérimentation médicale qui vaudra à son auteur une renommée internationale et ce que jugeait le tribunal de Nuremberg, et qui aujourd’hui encore me glace d’effroi. Cela exige, de la part des médecins et des biologistes, une attention vigilante à la hiérarchie des valeurs à respecter dans les recherches sur l’homme.

C’est à quoi s’efforça le tribunal américain, horrifié de ce qu’il avait découvert. Le produit de cette réflexion est connu sous le nom de Code de Nuremberg, qui constitue un extrait du jugement rendu en 1947. Complété par de nombreux textes internationaux ultérieurs, le Code de Nuremberg demeure un moment essentiel où se rencontrent l’aspiration scientifique et l’exigence humaniste.

Pour le siècle prochain, en faire respecter les principes partout dans le monde reste un combat prioritaire, un devoir envers toutes les personnes fragilisées, en particulier par leur état de santé ou leur pauvreté »

Le Code de Nuremberg (1947)

Le Code de Nuremberg prescrit le respect des règles suivantes lors d'expérimentations cliniques :

  1. Il est absolument essentiel d'obtenir le consentement volontaire du malade.
  2. L'essai entrepris doit être susceptible de fournir des résultats importants pour le bien de la société, qu'aucune autre méthode ne pourrait donner.
  3. L'essai doit être entrepris à la lumière d'expérimentation animale et des connaissances les plus récentes de la maladie étudiée.
  4. L'essai devra être connu pour éviter toute contrainte physique ou morale.
  5. Aucun essai ne devra être entrepris, s'il comporte un risque de mort ou d'infirmité sauf peut-être si les médecins eux-mêmes participent à l'essai.
  6. Le niveau de risque pris ne devra jamais excéder celui qui correspond à l'importance humanitaire du problème posé.
  7. Tout devra être mis en œuvre pour éviter tout effet secondaire à long terme après la fin de l'essai.
  8. L'essai devra être dirigé par des personnalités compétentes. Le plus haut niveau de soins et de compétence sera exigé pour toutes les phases de l'essai.
  9. Pendant toute la durée de l'essai, le malade volontaire aura la liberté de décider d'arrêter l'essai si celui-ci procure une gêne mentale ou physique et si, de quelque autre façon, la continuation de l'essai lui paraît impossible.


http://www.ethique.inserm.fr/inserm/ethique.nsf/0f4d0071608efcebc125709d00532b6f/e36094824c4e7250c12570a500515205?OpenDocument


Titre : Le Code de Nuremberg (1947)
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